Les naufragés du nouveau monde
Vers la fin du XIX ème siècle, Lester Malory, avait décidé de quitter la misère de son Irlande natal pour tenter sa chance dans le nouveau monde.
Il avait contracté la fièvre de l’or et espérait y découvrir un fabuleux gisement.
Un nouveau départ qui, il était certain, lui apporterait insouciance et richesse.
Toutefois, il craignait d’emmener dans ses bagages malchance et infortune, tant il avait jusqu’à présent accumulé les échecs.
De bagagiste à docker, il n’avait jamais su garder un emploi plus d’une année complète.
Il en conclut qu’il n’était pas fait pour être employé.
Il décida donc de monter une petite affaire d’épicerie.
Malheureusement, la mauvaise gestion de ses associés fit péricliter l’entreprise et les dettes accumulées le poussèrent à la faillite.
Après toutes ses déconvenues, il décida de partir en Amérique, pensant que franchir un océan lui suffirait à fausser définitivement compagnie à la pauvreté.
Il débarqua ainsi sur le nouveau continent, gonflé à bloc, rêvant de gloire et de fortune.
Il ne se doutait pas encore qu’une longue traversée du désert l’attendait.
*
Après la découverte d’un gisement d’or en région du Klondike dans la province canadienne du Yukon, de nombreux prospecteurs comme lui espéraient trouver le bon filon.
Mais, le trajet à travers un terrain difficile sous un climat froid avec de lourdes charges se révéla extrêmement dur.
Il commença à déchanter très vite.
Trois ans passèrent où Lester affronta un monde hostile et violent pour à peine quelques pépites.
Il décida d’investir ses maigres bénéfices pour monter un saloon dans une des villes minières comme Dawson City qui poussaient comme des champignons au grès d’une immigration excessive.
Satisfaire le besoin d’une population qui en l’espace de deux ans passa de 500 habitants à 30 000 lui sembla plus approprié.
Il partagea sa vie avec Lucy, une chanteuse de bar qui venait disait-elle de Californie.
Les deux amants devinrent inséparables à tel point qu’ils décidèrent de se marier pour partir fonder une famille sur la côte Ouest.
Le sort en décida autrement.
Lucy succomba en peu de temps à une terrible épidémie qui toucha une bonne partie des classes indigentes.
Au début les prospecteurs les plus riches furent épargnés.
Ils dépensaient surtout sans compter dans son établissement, mais les filons d’or s’amenuisaient.
Si Lester commençait à se remplir les poches, il avait cependant perdu sa raison d’être.
Le cœur brisé, il devait faire face à une réalité qui semblait l’asphyxier de plus en plus.
Grâce à l’amitié d’un aventurier de passage qui se nommait Jack, le jeune veuf tint le coup.
Il l’aida aussi à maintenir l’ordre dans son bar pour pallier aux fréquentes bagarres d’ivrognes qui éclataient souvent pour des futilités.
Il lui conseilla d’ailleurs un matin :
- Tu devrais vendre Lester, pendant qu’il est encore temps et partir.
La ruée vers l’or ne sera plus qu’un lointain mirage, dilué dans le froid et la misère de cet endroit.
En tout cas, moi, je préfère m’en aller avant que les choses ne se dégradent définitivement.
Mais le souvenir de Lucy était imprégné dans ces murs et la nostalgie de leur union demeurait plus forte que tout.
Conscient de la bienveillance de l’aventurier, il lui répondit :
- Bonne chance à toi, Jack et merci pour tout.
Soudain, un gosse fit irruption dans la salle et interpella son ami :
- M’sieur London, m’sieur London, je me suis occupé de votre attelage. Tout est prêt. Vos chiens s’impatientent. Ils n’attendent plus que vous.
- Fais attention à toi Lester dit Jack en guise d’adieu en lançant d’une pichenette une pièce au gamin zélé.
La fin de la ruée fut accélérée par la découverte d’or à Nome en Alaska et beaucoup de prospecteurs quittèrent le Klondike pour les nouveaux dépôts aurifères.
La population de la ville où se trouvait Lester déclina aussi vite qu’elle avait accru, rendant ainsi son affaire obsolète, comme l’avait en définitif prévu Jack.
Il ferma son saloon, le moral au plus bas et quitta le Klondike la mort dans l’âme, en traversant une multitude de faubourgs fantômes.
Il fit la route un moment donné avec un autre compagnon d’infortune, un certain Levi Strauss qui arrivé récemment, ne savait plus vraiment quoi faire de son stocke de toile de tente, faute de clients.
Il était lui aussi désemparé !
*
Tandis que les années passèrent, Lester s’accrocha toujours à son gisement chimérique qu’il chercha encore longtemps.
Si longtemps qu’il ne vit pas ses cheveux grisonner puis blanchir.
Épuisé par tant de désillusions, de défaites et d’échecs, il avait le douloureux sentiment d’avoir tout raté dans sa vie.
Il subit un nouveau coup du sort lorsque son fidèle cheval qui portait tous ses biens y compris son équipement de prospecteur, se cassa une patte dans un trou.
Lester ne pouvait laisser la pauvre bête agoniser ainsi.
Il dut l’abattre pour abréger ses souffrances.
Pour éviter que les loups ou autres charognards ne dévorent la carcasse, il se mit à creuser pour dégager la patte de feu son fidèle destrier afin de l’enterrer convenablement.
Il lui devait bien ça.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit un gisement d’un minerai riche en cuivre qui s’avéra par la suite le plus important du pays.
Que pouvons-nous penser du parcours de Lester ?
Il arrive souvent qu’avant de nous trouver nous-mêmes, nous devions subir une série de revers, de désillusions, de défaites et d’échecs.
Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, les expériences ne sont pas importantes en elles-mêmes et par elles-mêmes dans la vie de quelqu’un.
Ce sont les réactions de cette personne à ces expériences qui comptent.
Lester avait cherché de l’or durant toute sa vie pour trouver au final la plus grande mine de cuivre jamais découverte.
Il avait enfin réussi à fausser définitivement compagnie à la misère en amassant une fortune colossale qui le mit à l’abri du besoin pour le restant de ses jours.
Il n’oublia cependant pas de remercier la providence en investissant une majorité de sa fortune dans la création d’une institution médicale.
Elle devint ensuite une importante infrastructure caritative qui fournit depuis une multitude d’antidotes et de vaccins à travers le monde, célébrée encore aujourd’hui sous le nom de :
Fondation Lucy
* *
*
-
Bonjour Jean-Charles, souvent on part avec une idée en tête et au final on arrive sur autre chose qui souvent nous convient mieux.
zenie
zenie Articles récents..La vie m’invite -
Bonjour Jean Charles,
ne sachant pas ce que l’avenir peut nous offrir, nous avons tendance à nous limiter, c’est pourquoi il est préférable de réviser régulièrement ses buts prioritaires afin de vivre le meilleur possible.
Nicole Articles récents..Commentaires sur L’art du pinceau suite. par Eveil -
Tout est dans l’attitude (et la persévérance)
Et comme l’histoire se conclut, savoir faire preuve de gratitude et donner aussi parce que l’on a reçuBon dimanche Jean-Charles
PureNrgy Articles récents..Les Personnages de Fiction avec qui j’aimerais passer une journée -
Bonjour Jean-Charles,
Super ton histoire !
Et le passage des célébrités, comme des occasions qui ne sont pas saisies !
Ca me fait penser à cette expérience de philosophie ou on met un bulletin gagnant dans un journal :
Les chanceux le voient et pas les malchanceux !
Merci de ce beau moment !
Prends soin de toi
Luc Mister no Stress
Luc mister-no-stress Articles récents..La gestion du stress en 3 étapes ! -
Une bien belle histoire, qui nous rappelle que pour réussir il faut d’abord ouvrir les yeux, son esprit et son coeur.
La plupart des grandes découvertes ont été faites par hasard, mais par des personnes qui y ont vu une opportunité. S’obstiner à chercher l’impossible peut nous mener bien loin de la réussite qui passe sous notre nez.
-
Bonjour Charles,
Merci pour cette belle histoire que je pourrais presque raconter à mes petits-enfants.
L’obscurantisme est un défaut contre lequel il faut lutter.
Je te souhaite la meilleure journée.
Danièle
Danièle de Forme et bien-être Articles récents..Physique et mental, même combat vers le bien-être ! -
Salut Jean-Charles,
Alors, tu sors des problèmes
, je ne peux être que solidaire accumulant aussi toutes les misères du oueb comme un aimant.
Courage et que tout roule pour la suite.Donc, je suis revenu lire ton article, ce qui a été plus rapide puisque c’est la 2ème fois
J’ai envie de dire que tu dois justement drôlement t’inspirer de cette histoire par rapport aux soucis informatique que tu as eu.
Je vais pas dire que ça tombe bien
mais voilà, après les soucis, le beau temps.
Et heureusement tu n’as pas du tirer une balle dans le thème de ton wp.
@+
Christian.
Christian de Destresse Marketing Articles récents..Le petit Chaperon Blogueur et le grand méchant Loup Marketeur -
Bonjour Jean-Charles,
Très belle histoire… qui nous dit que les échecs sont en fait des expériences et une chance pour ceux qui les vivent de grandir et de s’orienter mieux. La difficulté, c’est que, quand on est dans l’expérience difficile, dans la douleur, on a du mal à y voir la notion d’expérience. Il faut un peu de recul, d’expérience et beaucoup de temps. On est toujours à l’endroit qui est le meilleur pour nous.
A bientôt !
Bernadette GILBERT Articles récents..Pommes de terre au sirop d’érable -
Chaque article de ce blog enrichie mes connaissances!!!
-
Je vous remercié pour le partage de article,l’article est vraiment bon.
-
J’aime beaucoup cet article et merci pour votre information
-
Une belle fondation, beaucoup de sagesse dans les propos de l’article. Il y a de quoi y adhérer.
https://kemonettoyage.com/interventions/
Commentaires